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Archive for mars 2015

Vivre en étant hypochondriaque

By : Unknown
WHOOOOOOOOO, comment ça faisait longtemps!!!! Bon, j'ai une excuse, il s'est passé trop plein de choses (TROP est le mot juste) depuis cet été, et j'ai franchement pas eu le temps de m'épancher en débilités sur ces pages. J'y ai repensé il y a quelques jours (parce que, en fait, sans te mentir, j'avais un peu oublié cet endroit, honte, honte!) et je me suis demandé quels trucs idiots je pourrais bien revenir poster. J'ai pas mal de trucs sur les séries à débriefer (on avait pas dit que ça devenait sérieusement un blog séries cette affaire?), toute une série de makeup de la mort pour Halloween et Carnaval, mais je me suis dit qu'il faudrait bien que je parle d'un truc un peu sérieux quand même. J'ai réfléchi. Les grandes causes humanitaires, les scandales outrageux, les trucs d'actualité, tout ça c'est très intéressant mais franchement pas pour moi. Alors j'ai décidé de te parler un peu de ce truc juste affreux, que je vis tous les jours, et qui n'intéresse franchement personne en dehors de mes frères et sœurs de galère qui vivent ça aussi: l’hypocondrie.

Ce truc, c'est le fléau de ma vie. C'est la chose atroce qui te dévore de l'intérieur et qui te fait passer pour une aliénée aux yeux du monde extérieur, monde extérieur totalement incapable de te comprendre parce que eux ne sont pas touchés par ce syndrome. "C'est dans ta tête" qu'ils disent. C'est dans ma tête, j'en ai complètement conscience. C'est pas pour autant que je suis rassurée.
L'hypocondrie, pour ceux qui ne connaissent pas, ou ne comprennent pas, ou trouvent complètement stupide, c'est une pathologie qui te fait craindre d'avoir une maladie grave. Et c'est une chose contre laquelle, même lorsqu'on t'expose tous les arguments rassurants possibles, tu ne peux pas lutter. 

Dans mon cas, cette calamité s'est abattue sur moi il y a presque un an. Un soir comme les autres, où je matais je ne sais trop quoi sur le pc, j'ai eu mal au crane. Et même pas vraiment mal, pas un mal épouvantable comme peuvent avoir les migraineux, pas un mal soudain et fulgurant qui aurait été vraiment grave, mais juste mal, mal avec un bizarre point chaud sur la tempe. Je n'avais pour ainsi dire jamais eu mal à la tête avant (en 25 ans, le bol!), donc forcément, sur le coup je ne comprend pas. 
Le hasard, le pas de bol, le ce qu'on voudra, aura voulu que quelques semaines auparavant, ma tante soit victime d'un AVC (qui a bien guéri, mais AVC quand même).
Je n'ai jamais été trop malade, jamais touchée par les épidémies, jamais été à l’hôpital, jamais eu d'infections, rien, santé de fer, mon seul véritable problème durant toutes ces années aura été ma fâcheuse tendance à la dépression, mais sinon, rien. Du coup, je n'ai jamais été inquiète de rien au niveau de la santé. Pourtant, je ne sais franchement pas pourquoi, ce jour là, cette gène dans la tête et cette histoire d'AVC me font partir vers le début de mon calvaire: je suis complètement convaincue que je vais avoir quelque chose de grave à la tête. Sur le coup, j'ai franchement la trouille. Mais le mal passe. Par contre, il n'arrête pas de revenir dans les jours à suivre, et c'est très probablement moi qui me le provoque à force d'y penser. Et forcément, je finis par faire cette chose qui me perd définitivement: je vais regarder sur internet ce que ça pourrait bien être. Et là, je tombe sur tout un tas de trucs atroces, de sites qui te disent tous "si vous ressentez un ou plusieurs de ces symptômes, contactez en urgence....". Internet fini de te persuader que tu vas mourir. 
Résultat, de mal de tête, je passe à mal de tête insoutenable, douleurs dans les bras, et le pire: des sursauts terribles, ces sursauts qui te réveillent au moment où tu vas t'endormir ("je suis tombée dans un trou"^^)et qui t'empêchent de t'endormir pendant toute la nuit. Le matin venu, je n'en peux plus, j'ai été dans l'incapacité physique totale de m'endormir, j'ai un mal de chien, tant pis, je ne résiste plus, je vais à l’hôpital. On est alors à J+4 du début du problème.

Arrivée là bas, à l'écoute de mes symptômes, une bardée de médecins m'entourent, persuadés eux aussi que j'ai eu un "accident ischémique transitoire"(préquelle d'AVC ou de rupture d'anévrisme). Tout le monde s'affole autour de moi en me disant que j'ai eu de la chance, et en achevant de me flipper. Putain, j'ai failli crever. IRM + tests de mobilité et de réponse cérébrale en tous genre. Résultats: rien. Mais rien de rien. On me garde une nuit en observation, pour être sûr. Mais on me relâche le lendemain en me rassurant; ça devait être des céphalées de tension. Par contre on me conseille d'aller voir tout un tas de spécialistes pour trouver d'où ça vient.

S'en suivent 5 mois, 5 mois absolument atroces, durant lesquels mes maux de têtes empirent, et où aucun spécialiste ne trouve rien. J'écope d'une paire de lunettes en sortant de chez l'ophtalmo des fois que les migraines viennent des écrans de pc, je vais voir l'orl, 2 ou 3 généralistes, l'ostéo, le dentiste (le dentiste quoi! parce qu'il parait que les dents de sagesse peuvent faire mal au crane), je fais un nombre incalculable de prises de sang (anémie, thyroïde,etc...) mais toujours rien, RAS. Je suis totalement convaincue que j'ai un anévrisme dans le crane, et qu'il va péter à tout moment. Entre temps, un médecin me met sous bêta-bloquants (un truc pour les gens cardiaques mais qui calme la migraine au long terme). Le médoc ralenti le cœur, mais m’essouffle comme pas possible, et ne soigne rien. Tout le monde me répète que c'est dans la tête, qu'il faut que je me calme, que je suis en parfaite santé. Mais je suis têtue, je continue à chercher.
 
Et un jour, Oh miracle, un médecin fini par trouver: il me fait faire un scanner des sinus, et on trouve enfin: ce qui me bouffe le crane depuis des mois, c'est une sinusite sphénoïdale, soit une forme très rare de sinusite qui se développe au milieu du crane, qui fait un mal épouvantable, et qui risque d'attaquer mes nerfs optiques. J'ai envie de pleurer, tellement je suis soulagée. Je vais enfin être débarrassé de tout ça. SAUF QUE! avant de partir, l'orl me fait remarquer en rigolant "vous avez de la chance que ce soit prit tôt, ça dégénère souvent en méningite ces choses là!". ...C'est quoi une méningite? Go internet....Et tout recommence. 
Le mal de tête était vraiment lié à quelque chose. Le souci, c'est que l'explication a été trouvée très tard parce que personne ne voulait me croire. Et du coup, maintenant, toutes ces choses qui m'arrivent (et qui, j'avoue, doivent VRAIMENT être dans ma tête) me semblent être le même cas de figure: j'ai à nouveau quelque chose de grave et personne ne veut me croire.

En l'espace de quelques mois, après cette histoire, j'ai tout eu. Mais tout de chez tout. La crise cardiaque (en fait mes médocs pour le cœur n'étaient juste pas bien dosés), l'infection hyper douloureuse après l'extraction de mes dents de sagesse (mais ça, c'était vraiment infecté), le choc toxique (juste la peau qui devient un peu rouge à cause d'une mauvaise circulation),un mélanome (un grain de beauté bizarre que la dermato a préféré enlever parce qu'il ne lui inspirait rien de bon mais qui au final n'avait rien de gênant)... jusqu'au cancer inflammatoire du sein après que mon gynéco ai trouvé une petite boule bizarre dans un de mes seins (un nodule tout bête). Une horreur.

Résultat des courses: ma vie aujourd'hui est un cauchemar éveillé. Parce que j'ai une peur incontrôlable de mourir, et ce à n'importe quel moment du jour ou de la nuit. Si j'ai mal à la tête, j'ai une méningite. Si j'ai mal dans la poitrine (le plus souvent à cause de mon estomac pourri), je vais faire une crise cardiaque. La peur, le stress ont dégradés lentement mon état physique, et me provoquent régulièrement des baisses de tension, de la difficulté à respirer (sans doute de l'asthme), des tremblements incontrôlés et tout un tas de paresthésies très chiantes. Je dors très mal, je suis épuisée, encore plus pâle qu'avant. Je suis sous médocs, des tonnes de médocs: les bêta-bloquants pour les migraines, un médoc qu'on m'avait donné pour les migraines, dont techniquement je n'ai plus besoin mais auquel je me suis accoutumée et sans lequel je ne peux plus dormir, les anti allergéniques que j'avais déjà avant, un traitement pour l'asthme, régulièrement du magnésium et des pastilles pour l'estomac. Lire la posologie sur les dépliants des médicaments est devenu automatique (surtout les rubriques "contre indications" et "réactions secondaires", réactions que je fais toujours, par principe), j'ai une bouteille d'antiseptique sur ma table de nuit, qui me sert pour chaque égratignure, fut elle minime, parce qu'une toute petite égratignure peut parfois aller jusqu'au choc septique. Le thermomètre est devenu mon nouveau doudou. Je connais les posologies et les risques que peuvent engendrer des tonnes de medocs, si bien que je m'y connais presque mieux que la pharmacienne. D'ailleurs, je suis devenue la meilleur conseillère en matière d'anti douleurs à des kilomètres à la ronde, je les connais tous. Le nouveau grand jeu de ma famille c'est d'ailleurs de m’interroger sur les posologies médicamenteuses histoires de vérifier si je sais bien tout par cœur. J'ai appris que n'importe quel tout petit truc de la vie quotidienne (je dis bien n'importe lequel, même un ongle incarné) peut dégénérer, s'il n'est pas soigné, en un truc gravissime. J'ai un malaise au moins une fois la semaine, des tas de coups de chaud, de palpitations, et mon stress (déjà à la base très développé) est à un point culminant, et ce non stop. 
Il y a des moments où j'arrive à me calmer, à un peu oublier (ça ne dure jamais plus de deux-trois jours d'affilée). Mais je ne sais pas pourquoi, c'est toujours ces moments là qu'on choisit pour m'annoncer que quelqu'un est mort, ou très malade, ou juste que quelqu'un met la télé sur le programme santé de france 5. Et je replonge. 

Je finis par penser que dieu ne m'aime pas, et que c'est la punition divine qu'il m'a trouvé pour me punir de je ne sais quoi. Du coup, je suis devenue ultra superstitieuse, j'ai constamment mes deux porte bonheur sur moi et flippe comme une folle si j'ai le malheur de les égarer. J'en suis même venue à décider très sérieusement de me faire tatouer un scarabée, car j'ai lu quelque part que la symbolique du scarabée voulait qu'il protège des morts violentes, non mais c'est te dire mon état! Paradoxalement, je n'ai confiance en rien du tout, toujours persuadée que les médocs ne sont pas assez forts pour moi, ou contre indiqués. En bref: je ne vis plus. 

Le pire de toute cette affaire est que maintenant, je ne sais plus du tout faire la différence entre un petit truc bénin et quelque chose de vraiment ennuyeux. Donc je fais tout vérifier. Au jour d'aujourd'hui, il me reste à voir pour l'hypertension (c'est de famille, donc vérifions), cet asthme bizarre et ces terribles maux de ventre. On m'a fait remarquer récemment qu'avec tout le stress que je me suis fait, il est très possible que je me sois provoqué un ulcère à l'estomac (comme j'ai provoqué tout le reste, mes douleurs fantômes comme disent les médecins). La seule chance dans mon malheur est que mon médecin est un ami de la famille, me permettant d'économiser un nombre dingue de consultations (et faisant respirer la sécu du même coup). 

J'en suis aujourd'hui à un stade assez grave. Mon monde ne tourne plus qu'autour des maladies (tu comprend pourquoi je n'ai pas posté plus tôt?^^). Mon entourage n'en peux plus, de ces crises d'angoisse quotidiennes. J'ai beau savoir que je me provoque celà toute seule, rien n'y fait. Mon médecin envisage de m'orienter vers un psychiatre pratiquant l'hypnose, parce que d'après lui, à mon stade, c'est la seule chose qui puisse encore marcher.

Beaucoup de gens vivent cette situation épouvantable comme moi, tous les jours, vivants dans cette terreur de mourir, finissant par rendre aussi cinglés qu'eux leurs familles et amis à force de les saouler avec leurs angoisses. On ne peux pas comprendre ce problème si on ne le vit pas. Imagine toi avoir la conviction intime, profonde, inébranlable que tu es dévoré par une maladie dont tu vas mourir, mais que personne ne veut rien faire pour te l'enlever. A chaque fois que tu es enfin rassuré sur un problème, tu en trouve un autre, que tu n'avais pas vu avant, ou alors un ancien revient, et l'explication rationnelle qu'on t'avait donné pour t'expliquer par A+B que c'était bénin est remise en question en une demi seconde. 
L'hypocondrie est invivable, pour la personne qui la vit comme pour l'entourage. J'ai bien peur qu'il n'y ai, par dessus le marché, aucune vraie solution au souci. Je n'écris pas cet article pour essayer de rendre les gens compréhensifs face à ce syndrome, je sais bien que c'est impossible, les hypocondriaques finissent par bouffer la vie des autres à force de se bouffer la leur, c'est comme avec les dépressifs (imagine le cocktail hypocondriaque+dépressif!). Je veux simplement partager ce truc chiant que vis tous les jours, si jamais d'autres personnes qui sont comme moi lisent cette page. Juste dire qu'on a bien conscience de notre problème, arrêtez de nous répéter "c'est dans ta tête", putain on le sait! "Empêche toi d'y penser, empêche toi d'avoir peur". ...mais vas y, toi, empêche toi d'avoir peur des araignées, des serpents, du vide, des aiguilles, ou je ne sais quoi d'autre! Tu vois bien que c'est pas possible! Être hypocondriaque, c'est comme avoir une peur panique des mygales, et que justement, 15 fois la journée, tu as une énorme mygale qui vient te ramper sur le bras. Toi, tu ne peux pas l'enlever, tu ne sais pas, tu n'es pas un expert de la mygale. Et en plus, dès qu'on te l'enlève, tu as une autre mygale qui revient quand tu ne t'y attend pas! On sait qu'on est chiants, on sait qu'on doit prendre sur nous (et dieu sait qu'on le fait!), on sait qu'on ne peut pas vous demander d'être patients et compréhensifs quand on s'évanouit 36 fois la journée. Mais prenez juste conscience que si c'est chiant pour vous, pour nous c'est juste invivable. 

Voilà, après ce petit interlude dramatique (je l'ai fait mon article sérieux, je l'ai fait!) , sache juste que c'était le dernier, les choses reviendront au grand n'importe quoi sous peu. Et juste, si toi aussi tu es hypocondriaque, ce sera un plaisir de se taper la bavette! On pourra s'échanger des bons plans médoc!

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